“Dans sa dernière exposition, « What could have been », présentée à l’Institut Français de Casablanca, le photographe Christian Mamoun explore les potentialités génératives de l’IA, dans un univers aussi onirique qu’inquiétant.
Christian Mamoun fait partie de ces rares photographes cherchant à relever le défi lancé à tout artiste visuel par des IA capables aujourd’hui de générer des images inédites. Celles réalisées par le photographe dans son exposition « What could have been », dont il précise qu’elles peuvent être ou non produites par des algorithmes, sont imprimées sur un papier aquarelle via la technique du cyanotype, à laquelle l’artiste ajoute du marc de café afin d’en souligner la dimension biodégradable. Les effets du temps sont ainsi donnés à voir, dans une dialectique de l’effacement et de l’impression dont on ne sait si elle relève ou non de la fiction.
Le spectateur navigue de son côté entre reconnaissance de paysages urbains, marocains ou parisiens, et découverte de portraits, souvent de couples, qui revêtent un aspect fantomatique déconcertant. Les frontières entre les temporalités se brouillent comme si l’avenir était d’ores et déjà marqué par son inexorable disparition. On ne sait devant ces impressions, à la beauté certaine, s’il nous est donné à voir un passé entièrement disparu ou les prémices d’un futur plus ou moins apocalyptique. Un sentiment de menace, représenté par de simples armes ou une voiture en feu, est omniprésent, mais il s’agit moins du danger que représenteraient les nouvelles technologies que celui d’un monde livré à des puissances maléfiques ; humaines, trop humaines.
Olivier Rachet
Exposition « What could have been » de Christian Mamoun, Institut Français de Casablanca, jusqu’au 5 janvier 2025”